mercredi 26 novembre 2014

Il y a 40 ans: discours de Simone Veil devant l'Assemblée nationale


Le mardi 26 novembre 1974 commence la bataille parlementaire sur la légalisation de l'IVG. À 16 heures, Simone Veil monte à la tribune de l'Assemblée nationale pour défendre son projet de loi autorisant l'avortement.
En France, elles sont alors 300 000 femmes à avorter clandestinement chaque année. 300 000 criminelles selon la loi pénale de 1920, une loi qualifiée d'obsolète et ouvertement bafouée. Ministre depuis à peine six mois, encore inconnue des Français, Simone Veil vient porter le combat des femmes face à une Assemblée presque uniquement composée d'hommes. Pendant trois jours et deux nuits, elle affronte 74 orateurs, endure les critiques, subit jusqu'aux accusations de racisme nazi ou d'eugénisme, elle, déportée à Auschwitz. Mais Simone Veil tient tête. Au petit matin du 29 novembre 1974, après 25 heures de débats, la loi sur l'interruption volontaire de grossesse est enfin votée par 284 voix contre 189.

mardi 18 novembre 2014

1769 un fardier, 1944 l'enseignement technologique "moderne"

En 1769 roulait le Fardier de Cugnot, première voiture automotrice (on ne parlera d'automobile que vers 1890).
Puis vint le train, à vapeur, conduite par un mécanicien, qui réglait la vitesse de marche de la machine, aidé par le chauffeur qui alimentait la chaudière en charbon. Ce dernier était habillé d'un "bleu de chauffe", en toile bleue, la tenue actuelle du spécialiste de la réparation automobile.
Le mécanicien réparateur d'automobile, reconnu pour ses capacités techniques, obtient, dès 1911, Le CCP, Certificat de Capacité Professionnelle, devenu CAP, Certificat d'Aptitude Professionnelle, en 1919 (formation en 3 ans).
C'est en 1944, il y a donc tout juste 70 ans, que ce diplôme devient national, sous la responsabilité de la Direction de l'enseignement technique et, par décret du 18 septembre 1944, le Gouvernement provisoire de la République française, présidé par Charles de Gaulle, transforme les centres de formation professionnelle (CFP) en centres d'apprentissage (CA).
Ainsi nait l'enseignement technique en France.
Les CA deviendront collèges d'Enseignement Technique (CET) en 1960 puis Lycées d'Enseignement Professionnel (LEP) en 1976 et Lycées Professionnels (LP) en 1985.
Et c'est d'ailleurs en 1976 que le Lycée Cugnot ouvre ses portes. 

M. Boursin

mardi 11 novembre 2014

Il y a 25 ans : la chute du mur de Berlin

Le Mur de Berlin, 1986


Bonjour à tous !

En ce long dimanche de mois de novembre, une commémoration importante retient notre attention. Cela fait en effet 25 ans jour pour jour que le mur de Berlin fut détruit. L'un des événements les plus importants du passé proche, de l'histoire du temps présent. Il clot pour l'Allemagne une page douloureuse de l'histoire pendant laquelle elle fut partagée, pendant laquelle elle n'était qu'un apanage, une zone tampon entre deux grands blocs en affrontement indirect depuis l'après deuxième guerre mondiale. 
Evidemment, la portée de l'événement est très souvent analysée à l'échelle mondiale et sous l'angle des relations internationales. S'il est évident que cet événement a déclenché la déliquescence puis l'implosion du bloc communiste, si nous savons tous que ce fait a réorganisé la géopolitique mondiale et permis aux Etats-Unis d'être la seule hyperpuissance pendant une dizaine d'années environ, il est tout aussi intéressant de se pencher sur les conséquences de ce fait au niveau européen et allemand, des recoins de la psychologie collective jusqu'aux accélérations de la construction européenne. Une nouvelle donne a t-elle été permise par ces événements à l'échelle de l'Allemagne désormais réunifiée et stabilisée, après de nombreux bouleversements frontaliers et migratoires ? Peut-on dire que l'Allemagne s'est réinventée dès lors ? 


Petit rappel des faits



Nous n'allons pas nous éterniser à tout dire à propos du mur, il y a tellement à (re)dire que cela pourrait être fastidieux. En revanche, il paraît nécessaire de rappeler certains faits...
Tout d'abord le mur de Berlin est le résultat même des manifestations de la guerre froide. Dès 1948, l'affrontement est latent et pour empêcher la constitution d'une enclave occidentale dans sa zone d'occupation, l'Union Soviétique décrète le blocus terrestre de la ville. Pour contrer cette décision, les occidentaux, et notamment le général Clay, décide d'organiser un pont aérien pour ravitailler les Berlinois de l'ouest jusqu'au 12 mai 1949. 
C'est la cristallisation des tensions entre les deux côtés de la capitale Prussienne qui a entraîné la division de l'Allemagne avec la création de la RFA (par la Loi fondamentale) puis de la RDA. Le mécanisme de division s'accentue alors... 
Néanmoins les différences économiques, politiques et sociales entre les deux Etats sont vite ressenties par les habitants de la RDA, très attirés par l'ouest. La frontière entre les deux Allemagnes ne pouvait contenir les velléités migratoires. De même, un certain nombre d'entre eux passait par Berlin, véritable brèche pour la RDA. La seule solution est de colmater celle-ci, mais l'URSS hésite à donner son feu vert, préoccupée par l'opinion internationale. 
Finalement, le 6 juillet 1961, c'est un "oui" : la procédure de construction du mur et enclenchée et la construction réelle commence le 13 août 1961 avec la pose des premiers fils de fer barbelés. Tout cela oblige bien sûr à réorganiser la ville et ses infrastructures, d'autant plus que le Mur est renforcé d'années en années, le béton armé remplaçant le parpaing initial, les bunkers s'ajoutant à la construction. 
Pendant 28 ans, le Mur fut un symbole de la guerre froide. A l'occasion du 40ème anniversaire de la RDA, on pense aux célébrations mais pas vraiment au Mur qui semble immuable. Pourtant, les migrations furent facilitées vers l'ouest début 1989 et en août-septembre 1989, des allemands profitent de l'ouverture temporaire du rideau de fer pour partir. A cela s'ajoutait une opposition grandissante et des manifestations pour la liberté de parole, de la presse, aussi bien à Leipzig qu'à Berlin Est. Face à ces manifestations, l'absence de soutien de l'URSS est déjà évocateur et le peuple est en confiance. "Wir sind das Volk" déclament 75 000 personnes le 9 octobre. Malgré un changement à la tête du parti unique (le SED) et des annonces de réformes, le mouvement ne s'essouffle guère. 
La chute du mur peut fasciner par son caractère pacifique et spontané. En effet, les autorités, même si elle ne réagissaient pas par la répression, n'avaient pas vraiment choisi l'ouverture du mur. Mais lors d'une conférence de presse, Günter Schabowski s'embrouille en direct et annonce que "Nous avons décidé aujourd'hui d'adopter une réglementation qui permet à chaque citoyen de la RDA de se rendre à l'étranger par les postes-frontières est-allemands", ce à quoi il ajoute que cette décision est immédiate face aux questions stupéfaites des journalistes. C'est alors que la population, les journalistes, se massèrent vers le mur et  commencèrent à entamer sa démolition sous la passivité complice de gardes-frontières indécis. Le passage, émouvant, fut médiatisé mondialement et entérina la fin de la division entre les deux Allemagnes qui se retrouvaient.  

Une Allemagne en renouveau ? 


Bien évidemment, la portée de cet événement marquant fut immédiate et irrémédiable sur le plan politique et diplomatique. Néanmoins, si la Réunification semblait inévitable, il fallut toutefois la mener à bien et ce n'était pas chose simple : il fallait reconstruire physiquement une ville, marier économiquement et politiquement deux Etats que tout séparait. Si les Allemands semblaient prêts à reformer une nation, les est-allemands n'étaient pas forcément préparés à connaître l'économie de marché. Il fallait donc arrimer l'est à l'ouest et l'Allemagne réunifiée à l'Europe. C'est d'ailleurs dans ce cadre que les dirigeants européens, dont François Mitterrand, ont mis tout leur poids dans la balance pour profiter de cet événement pour imposer à l'Allemagne une monnaie unique dans le cadre de la construction européenne. C'est seulement sous certaines conditions que l'Allemagne accepta.
En plus de la réunification, officielle à partir du 3 octobre 1990, et en plus du nouvel impact sur la construction européenne, l'Allemagne a travaillé sur son modèle. Si politiquement, elle poursuivit dans la lignée du fédéralisme et du parlementarisme (tradition depuis la Loi Fondamentale de 1949), elle pris un autre tournant économiquement parlant. En effet, le fameux "modèle allemand" n'est pas si ancien. Historiquement, l'Allemagne est plutôt basée sur un réseau de PME qui permis le décollage économique allemand au XIXème siècle ; sur une politique sociale mise en place dès les années 1880 sous Bismarck (pas tant par socialisme que pour couper l'herbe sous le pied de ses opposants) ; sur "l'économie sociale de marché" enfin, depuis l'après guerre, permettant l'association de la concurrence à la participation des ouvriers dans les entreprises. 
Or ce modèle change dès lors que la Réunification arrive, d'abord avec Helmut Kohl puis surtout avec Gerhard Schröder entre 1998 et 2005. Celui-ci baisse la fiscalité des entreprises et des hauts revenus, réduit les prestations sociales pour les retraités et chômeurs et baisse les taxes sur les plus-values des entreprises. Il profita en partie d'un euro plutôt faible à l'époque pour opérer à ces réformes structurelles. C'est ainsi que le modèle allemand mua et que nos voisins choisirent la précarité et la flexibilité face au chômage, tout cela avec le blanc-seing des sociaux démocrates allemands qui depuis déjà 1959 ont renoncé au marxisme théorique. 
On le voit donc, certaines lignes ont bougé en Allemagne. Peut-on toutefois penser que le renouveau est total ? Rien n'est moins certain, les traces du Mur persistent.
Le niveau de vie et la richesse reste inégalement répartis au sein du territoire allemand, en défaveur des länder de l'ancienne Allemagne de l'est.

Le PIB par habitant peut varier du simple au double selon le le côté de l'Allemagne où l'on se trouve. 
Source : La documentation française. 2009. 


Ces inégalités territoriales persistent donc et font se développer un certain mouvement d'ostalgie, c'est à dire de regret plus ou moins prononcé à l'égard de l'ancienne RDA, notamment sur certains aspects quotidiens ou l'économie. Un sondage de 2009 a même mesuré cette ostalgie comme étant majoritaire en ex-Allemagne de l'Est. De même, ces inégalités que tentent de réduire l'Etat fédéral sont sources de tensions politiques entre les länder les plus riches et les plus pauvres, les premiers refusant de payer pour les plus pauvres et exigeant une réforme.

Enfin, si l'Allemagne est une puissance incontestable en Europe et semble tenir à elle-seule la machine européenne, ne soyons pas trop laudatifs. Cette puissance n'en reste pas relativement vieillissante d'un point de vue démographique avec 1,38 enfant par femme en âge de procréer (2012). Seul le solde migratoire positif permet aux Allemands de ne pas perdre d'habitants, alors que dans le même temps la France se maintient à 2,01 enfants par femme en âge de procréer.



Certes, l'Allemagne a encore du chemin à parcourir mais tant de choses ont été faites depuis 25 ans que rien ne noircira vraiment le tableau de ce 9 novembre 2014. Des milliers d'Allemands ont commémoré l'événement et un million de personnes (allemands ou étrangers) devaient faire le déplacement à Berlin pour aujourd'hui, ce dont ne s'est pas privée la chancelière qui, ayant elle-même vécu en Allemagne de l'est, a rappelé l'espoir porté par un tel événement. Tout cela est le symbole d'un patriotisme retrouvé et apaisé.


Sources :

L'Histoire. Les collections. Numéro 65. "L'Allemagne de Luther à Merkel". Octobre-décembre 2014.
Le Monde
Le Point. 


M. Decombe