dimanche 27 septembre 2015

Il y a 50 ans, la R16!

Source: Auto Plus. R16, septembre 1965.

Avec sa carrosserie compacte à hayon, la R16 inaugure une nouvelle génération de familiales. Sa silhouette originales va séduire un public de plus en plus large. 
A mi-chemin entre break et berline avec son hayon, sa silhouette rappelle celle des utilitaires.  Elle permet de transporter meubles, bicyclettes grâce à la modularité des sièges. Elle offre une grosse capacité de chargement. 
En revanche, la mécanique de 55 ch est jugée insuffisante. Il faut attendre 1968 pour voir apparaître des modèles plus puissants comme la TS (83 ch). 
Avec plus de 1,8 million d'exemplaires produits, la R16 comte parmi les plus beaux succès de Renault.

Il y a 500 ans: 1515, Marignan!



Détail d'une enluminure du XVIe siècle attribuée à Maître à la Ratière, Chantilly, musée Condé.


A la question « 1515 ? », tout le monde ou presque vous répondra « Marignan ! ». Cette année, nous commémorons les 500 ans de cette bataille remportée par François Ier, dans la petite ville italienne située à 13 km au sud-est de Milan. Mais qu’allait faire ce jeune roi de France de tout juste 21 ans en Italie du Nord et pourquoi cette bataille est-elle restée célèbre ?

Nous sommes le 1er janvier 1515, Louis XII, le roi de France meurt sans héritier mâle direct. Selon des règles établies au fur et à mesure durant le Moyen-Age, c’est son plus proche parent mâle qui doit lui succéder. Il s’agit de François d’Angoulême, tout juste 20 ans, cousin du roi, devenant ainsi le 24ème monarque de la dynastie des Capétiens.
François rêve de gloire et veut montrer sa puissance à l’Europe entière. Il poursuit la politique de ses prédécesseurs sur la volonté d’expansion du Royaume de France en Italie. Parce qu’il a appartenu à son arrière-grand-mère Valentine Visconti, fille du dernier duc de Milan de la dynastie des Visconti à laquelle a succédé celle des Sforza, François Ier revendique le duché de Milan. Celui-ci est allié au Pape et aux suisses qui ne veulent pas de Français en Italie du Nord.

A l’été 1515, François Ier rassemble la plus grande armée que le royaume ait connue. 40 à 45 000 hommes (dont une bonne moitié de mercenaires allemands) soit deux fois plus que l’effort de guerre de ses prédécesseurs, 56 canons[1] franchissent les Alpes en 3 jours sur des chemins étroits et par une route inhabituelle dans le but de prendre à revers l’armée des cantons suisses. Cette tactique fonctionne très bien puisque les Helvètes sont obligés de se replier sur Milan début septembre. C’est alors qu’ils se divisent sur la marche à suivre. Trois cantons décident alors de faire sécession et rapatrient leur armée, soit un tiers des effectifs ; laissant les autres cantons avec seulement 25 000 hommes[2].

Le 13 septembre, les Suisses décident d’attaquer le camp des Français installés à Marignan en comptant sur l’effet de surprise et leur force. En effet, au début du XVIe siècle, les mercenaires suisses sont les plus redoutés d’Europe, ayant vaincu les Bourguignons (entre 1474 et 1477) ou encore l’empereur du Saint-Empire Romain Germanique (SERG) en 1499[3].
La bataille débute bien pour eux mais la nuit du 13 au 14 septembre fut décisive. En effet, les Suisses sont mal approvisionnés, ils ont faim, ils sont mouillés car ils ont dû franchir des canaux nombreux dans la région et ils ne peuvent  allumer des feux pour se réchauffer par cette nuit glaciale car ils se font tirer dessus par l’artillerie française. Celle-ci profite aussi de la nuit pour se repositionner. Le lendemain, les Suisses sont écrasés par les lignes françaises avec le roi à leur tête. Ils perdent 8 000 hommes contre 4 à 5 000 pour les Français. François 1er est alors adoubé par le chevalier Bayard d’après la légende. Milan se rend quelques jours plus tard aux Français.



Marignan marque le début du retrait des Suisses dans les guerres européennes même si leur neutralité ne fut officiellement reconnue qu’en 1815 au Congrès de Vienne. 
C’est aussi le retour de la France en Italie du nord. Retour bref puisque les défaites à La Bicoque (1522) et surtout celle de Pavie (1525) pendant laquelle François 1er fut capturée par Charles Quint, sonnent le glas des ambitions françaises qui ne revint que sous la Révolution.

Ce qui fit de Marignan une bataille célèbre fut la propagande dispensée par la France et ses alliés en Europe. L’objectif était de faire passer le jeune François 1er pour le nouveau César, le nouvel Alexandre. Les chansons (composition de Clément Jannequin), les médailles, les gravures et aussi la littérature participèrent à diffuser cette image et notamment à la fin des années 1510 lorsque le monarque se présenta à l’élection du siège impérial du SERG.



La Guerre ou La Bataille de Marignan, par Clément Janequin. 1555


Mais l’événement qui fit entrer la bataille dans la légende fut la grandiose reconstitution du château d’Amboise en en 1518[4]Il s’agissait de fêter le baptême du premier enfant du roi ainsi que le mariage de sa cousine avec le duc d’Urbino Laurent II de Médicis futur parents de Catherine de Médicis (ces derniers ne sont pas encore à la tête de la Toscane).

Les festivités durèrent cinq jours. Un château de tissu fut même construit pour abriter les convives. Mais surtout, un fortin de bois et de toile fut édifié pur permettre au roi entouré de chevaliers, de rejouer la bataille. Celui-ci fut conçu en partie par Dominique de Cortone après avoir reçu les conseils de Léonard de Vinci (ce dernier dessina d’ailleurs une partie des costumes des festivités).

De nombreux ambassadeurs italiens furent conviés à cette fête et ce furent eux, via leurs écrits, qui participèrent grandement à diffuser la propagande royale en Europe et à rendre à jamais célèbre, la bataille de Marignan. Toutefois, elle ne permit pas à François 1er de se faire élire empereur. L’argent distribuée par son adversaire Charles Quint fut d’une bien meilleure utilité.


On le voit donc, le premier grand succès du Roi de France François Ier fut accompagné d’une propagande immédiate permettant à cette bataille de rester à la postérité. Et elle le resta, confirmant sa place dans le « roman national » au XIXème siècle. Elle fut en effet représentée par Alexandre-Evariste Fragonard sur un tableau en 1836, œuvre qui est visible dans la galerie des batailles créée par Louis-Philippe l’année suivante dans un souci de réconciliation nationale. Cette présence n’est pas anodine, puisque Marignan est présentée aux côtés d’autres victoires perçues comme constitutives de la nation française : Poitiers, Bouvines, siège d’Orléans… Les manuels scolaires du XIXème siècle (en particulier le « Petit Lavisse » s’adressant au Cours Elementaire) : l’épisode est narrée de manière romanesque et associe la figure combattante de François Ier à celle de Bayard qui le fait chevalier, dans une ambiance de bravoure et de courage presque médiévale ! Les programmes d’histoire actuels accordent une place moins grande à celle-ci et l’historiographie a réétudié le « cas Marignan » sous un angle plus militaire et social, comme en témoignent les reconstitutions historiques actuelles.  

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/88/Francis_at_Marignan.jpg

L'oeuvre de Fragonard célèbre la bataille de Marignan en insérant au centre la figure du Roi de Guerre. 

Pour conclure, si Marignan est une des batailles françaises les plus célèbres de l’époque moderne, elle fut toutefois une naine politique. En effet, la France fut obligée de se retirer définitivement d’Italie du Nord dès 1525 après la défaite de Pavie, bataille durant laquelle le roi fut même fait prisonnier par l’armée de Charles Quint. Le royaume n’avait pas suivi la révolution engendrée par l’utilisation des armes à feu portatives.
Ensuite, ce n’est pas à Marignan que les Suisses adoptèrent leur célèbre neutralité. En réalité, la Confédération renonça progressivement aux guerres durant la Renaissance et les Lumières, mais sa neutralité ne dut officiellement consacrée qu’en 1815 au Congrès de Vienne.
C’est donc bien la propagande qui fit de Marignan, cette bataille si célèbre même si toutefois, les gens n’en connaissent plus aujourd’hui tous les détails. Elle n’en reste pas moins un détail intriguant de notre mémoire collective et de notre attitude face à la chronologie et face à « l’histoire-bataille ».

MR DECOMBE



[1] . Qu’allait-il faire à Marignan ? Amable Sablon du Corail, L’Histoire, Les Collections, n°68, juillet 2015.
[2] . Ibid.
[3] . Ibid.
[4] . On rejoue la bataille, Pascal Brioist, , L’Histoire, Les Collections, n°68, juillet 2015